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Page:Dickens - Contes de Noël, traduction Lorain, 1857.djvu/96

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qu’un qui ne trouve pas ce qu’il cherche, n’importe quoi, il se lamente et hurle pour sortir ; non content de parcourir les nefs, de glisser autour des piliers, de s’engouffrer dans les profondeurs de l’orgue, il s’élance jusqu’aux voûtes, il s’efforce de briser la charpente et de soulever le toit, puis, tout à coup, se précipite en désespéré, sur les dalles d’en bas d’où il descend, en murmurant, dans les caveaux. Quelquefois il monte à petit bruit en rampant le long des murailles ; on dirait qu’il lit à voix basse les inscriptions consacrées aux morts ; aux unes, il semble pousser un cri perçant comme un éclat de rire ; aux autres, il gémit et pleure comme s’il se lamentait. C’est encore avec un accent lugubre et sépulcral qu’il s’arrête dans l’enceinte de l’autel, comme s’il entonnait, de sa voix sauvage, une complainte sur les crimes de toutes sortes, les meurtres, les sacriléges, le culte des faux dieux, le mépris des tables de la Loi, ces tables si belles et si unies au premier coup d’œil, mais si souvent écornées et brisées par leurs interprètes.

Ouf ! que le ciel nous en préserve ! Il vaut bien mieux rester commodément assis au coin de notre feu ! C’est une voix terrible que celle du vent, quand il chante à minuit dans une église !

Mais, tout en haut dans le clocher ! C’est là qu’il siffle et rugit avec violence ! Tout en haut dans le clocher, où il peut aller et venir librement à travers les nombreux arceaux et les ouvertures multipliées, tourbillonner en serpentant le long de l’escalier qu’on ne peut gravir sans éprouver des vertiges, faire tourner rapidement sur elle-même la girouette criarde et trembler la tour, comme si, du sommet à la base, elle devenait la proie d’un horrible frisson ! Tout en haut dans le clocher, où se trouve le beffroi, où les balustrades de fer sont rongées par la rouille, où les feuilles de cuivre et de plomb ridées par les variations de l’atmosphère craquent et s’enflent sous les pieds des rares visiteurs, où les oiseaux construisent des nids chétifs dans les encoignures formées par les vieilles solives de chêne, où la poussière grisonne à force de vieillir, où des araignées tachetées, qu’une longue sécurité a rendues grasses et indolentes, se balancent nonchalamment de côté et d’autre en suivant la vibration des cloches, toujours cramponnées à leurs châteaux aériens, à l’abri des alarmes subites qui les forcent à grimper rapidement le long du fil comme le matelot aux cordages, ou à se laisser tomber à terre pour chercher leur salut dans la fuite précipitée d’une vingtaine de jambes agiles ! Tout en haut dans le clocher d’une vieille église, bien au-dessus des lumières et