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LE CRICRI DU FOYER.

examiner son jeu et le conseiller sur quelque point difficile. Mais son adversaire étant une joueuse rigide et sujette à la faiblesse de marquer quelques points de trop, exigeait de sa part une telle vigilance, qu’il eut besoin que rien ne vînt distraire ses yeux ni son oreille. Les cartes finirent ainsi par absorder toute son attention ; il ne pensa plus qu’à son jeu jusqu’à ce qu’une main s’appuyât sur son épaule et lui rappelât qu’il y avait un Tackleton au monde.

« Je suis fâché de vous déranger ; mais un mot tout de suite.

— C’est moi qui vais donner, répondit John — c’est le moment critique.

— Oui, le moment critique, reprit Tackleton ; venez, mon cher… »

Il y avait dans l’expression de ce pâle visage quelque chose qui força le voiturier de se lever immédiatement, et de demander avec inquiétude de quoi il s’agissait.

« Chut ! John Peerybingle, dit Tackleton, j’en suis bien fâché — oui, bien fâché. — J’en avais peur — c’était ce que je soupçonnais depuis le commencement.

— Qu’est-ce ? demanda encore le voiturier, l’effroi sur la figure.

— Chut ! je vais vous le montrer, si vous venez avec moi. »

Le voiturier le suivit sans prononcer un mot de plus. Ils traversèrent une cour où les étoiles brillaient sur