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LE CRICRI DU FOYER.

— Il existait autrefois un généreux ami, dit Édouard, un ami qui était plutôt un père pour moi, et qui n’eût jamais jugé ni moi ni personne sans l’entendre. Cet ami, c’était vous. Je suis donc certain que vous m’entendrez maintenant. »

Le voiturier, dont le regard troublé aperçut Dot qui se tenait encore à l’écart, loin de lui, reprit : « Eh bien, c’est juste, je vous écoute.

— Vous saurez donc, dit Édouard, que lorsque je partis d’ici encore bien jeune, j’étais amoureux — et l’on me payait de retour. Celle que j’aimais était une bien jeune fille, qui, peut-être (me direz-vous), ne connaissait pas son propre cœur ; — mais je connaissais le mien, et j’avais une passion pour elle,

— Vous ! s’écria le voiturier, vous !

— Oui, en vérité, reprit l’autre ; je l’aimais et elle me le rendait ; je l’ai toujours cru depuis, et maintenant j’en suis sûr.

— Dieu me soit en aide ! dit John ; voici qui est pire que tout le reste.

— Toujours constant, dit Édouard, et revenu plein d’espérance, après bien des souffrances et des périls, pour racheter le gage de notre ancien contrat, j’apprends, à vingt milles d’ici, qu’elle m’était infidèle ; qu’elle m’avait oublié et s’était donnée à un autre plus riche que moi. Je n’avais aucune intention de lui faire un reproche, mais je désirais la voir et acquérir la preuve incontestable de la vérité. J’espérais qu’elle aurait pu ne