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Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/173

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LES CARILLONS.

et solennel à ces cloches mystérieuses entendues si souvent sans jamais être vues, placées si haut, si loin, et douées d’une voix si sonore, qu’il les regardait avec une espèce de vénération. Quelquefois, lorsqu’il levait les yeux vers les sombres arceaux de la tour, il s’attendait presque à être appelé par quelque chose qui ne serait pas une cloche, mais qui personnifierait cependant un carillon mélodieux. Aussi Toby repoussait-il avec indignation une rumeur sourde qui accusait les cloches d’être hantées, ce qui aurait pu faire supposer qu’il y avait quelque rapport entre elles et l’esprit du mal. Bref, ces cloches qui charmaient si souvent son oreille et occupaient sa pensée lui inspiraient aussi une estime superstitieuse. Plus d’une fois, à force de lever la tête et de les contempler bouche béante dans leur clocher, il s’était donné un torticolis qu’il ne guérissait qu’au moyen d’une ou deux trottes extraordinaires.

C’était justement ce qu’il était en train de faire par une journée froide, lorsque le dernier coup de midi vint à sonner, semblable au bourdonnement d’une abeille monstrueuse qui aurait parcouru le clocher. « L’heure du dîner, eh ! dit Toby en trottant toujours devant l’église. Ah ! »

Le nez de Toby était rouge ; très-rouges encore étaient ses paupières ; ses yeux clignotaient sans cesse, ses épaules remontaient jusqu’à ses oreilles, ses jambes