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Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/237

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LES CARILLONS.

funérailles ; dans cette salle, une élection ; dans celle-là, un bal ; partout le mouvement et une incessante activité. Étourdi par l’armée turbulente de ces extraordinaires figures autant que par le tintamarre des cloches qui sonnaient pendant tout ce temps-là, Trotty se cramponna à un pilier et tourna ses regards de tous côtés dans une stupéfaction muette.

Tout-à-coup les carillons s’arrêtent. Changement instantané ! Cette innombrable foule s’évanouit ; tous ces rêves bizarres s’effacent, la vie et le mouvement les abandonnent ; ils cherchent à fuir, tombent, et en tombant meurent ou se fondent dans l’air. Un traînard se détache encore de la grosse cloche et met pied à terre à côté de Trotty ; mais il était mort et avait disparu avant d’avoir pu faire un tour sur lui-même. Quelques-uns de ceux qui avaient gambadé dans le clocher, y restèrent un moment à essayer des pirouettes ; mais de plus en plus faibles et de moins en moins nombreux à chaque pas, ils finirent par s’en aller comme le reste. Le dernier fut un petit bossu qui s’était réfugié dans un angle sonore où il bondit et fit la culbute tout seul, persévérant jusqu’à ce qu’il fût réduit à une de ses jambes et même à un de ses pieds ; mais il finit par s’évanouir avec la voix du dernier écho. La tour demeura silencieuse.

Ce fut alors, seulement alors, que Trotty vit dans chaque cloche une figure barbue de la grosseur et de la