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LES CARILLONS.

était sur le seuil, une espèce de garnement à l’air grognon, un ivrogne usé par l’intempérance et le vice, les cheveux mal peignés, la barbe longue st sale, mais à qui il restait quelque chose qui indiquait un homme ayant eu santé, force et bonne mine dans sa jeunesse…

Il s’arrêta jusqu’à ce qu’elle lui permît d’entrer, et alors Meg, reculant à quelques pas de la porte ouverte, le regarda silencieusement et tristement. Trotty était enfin satisfait : il voyait Richard.

« Puis-je entrer, Marguerite ?

— Oui, entrez, entrez. »

Heureusement que Trotty l’avait reconnu avant qu’il parlât ; car, dans le doute, cette voix rauque et discordante lui aurait fait penser que ce n’était pas Richard, mais tout autre.

Il y avait deux chaises dans la chambre. Meg donna la sienne à Richard, et resta debout à une certaine distance, écoutant ce qu’il allait dire.

Il demeura quelque temps silencieux, baissant son œil distrait avec un sourire terne et stupide, offrant le spectacle d’une dégradation si profonde, d’un abattement si abject, d’une déchéance si misérable, que Meg se couvrit les yeux de ses deux mains et détourna la tête, de peur qu’il ne vît combien elle était émue.

Réveillé par le frôlement de sa robe ou tout autre