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LES CARILLONS.

pense-t-elle à moi si souvent ? Est-elle vraiment revenue ?

— Vingt fois au moins, dit Richard. Marguerite, elle me harcèle, elle me suit dans la rue et me le jette dans la main. J’entends le bruit de son pas sur les cendres, lorsque je suis à la forge (ah ! ah ! ce n’est guère souvent), et avant que j’aie tourné la tête, sa voix me dit : « Richard, ne regardez pas. Prenez, pour l’amour du ciel, donnez-lui cela. » Elle me l’apporte où je demeure ; elle me l’envoie dans des lettres ; elle frappe à la fenêtre et le laisse sur le rebord. Que puis-je faire ? le voilà ! »

Il tendit la main et montra une petite bourse en faisant sonner l’argent qu’elle contenait.

« Cachez-le, dit Meg, cachez-le ! Lorsqu’elle reviendra, dites-lui, Richard, que je l’aime du fond de mon âme ; que je ne me couche jamais sans prier le ciel pour elle ; que dans ma solitude, je ne cesse de penser à elle en travaillant ; qu’elle est avec moi nuit et jour ; que si je mourais demain, je me souviendrais d’elle en rendant le dernier soupir : mais que je ne puis regarder cet argent. »

Richard retira la main, et fermant les doigts sur la bourse, dit avec une sorte de réflexion apathique :

« Je le lui ai bien dit. Je le lui ai dit aussi clairement que possible. Plus de douze fois, j’ai reporté cette bourse au seuil de sa porte ; mais lorsqu’elle est reve-