Aller au contenu

Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
LES APPARITIONS DE NOËL.

lui-même, qui en connaissait tous les pavés, fut obligé de s’y diriger en tâtonnant. Le brouillard et les frimats enveloppaient tellement la porte principale, qu’il semblait que le génie de l’hiver lui-même méditait sur le seuil.

Or, le fait est qu’il n’y avait rien de particulier au marteau de la porte, excepté que c’était un très-gros marteau ; le fait est encore que Scrooge avait vu et revu, soir et matin, ce marteau depuis qu’il habitait la maison. Enfin Scrooge avait en lui aussi peu de cette faculté appelée imagination qu’aucun marchand de la cité de Londres, en y comprenant — ce qui est beaucoup dire — la corporation, les aldermen et les électeurs municipaux. Qu’on n’oublie pas que Scrooge n’avait pas pensé une seule fois à Marley depuis qu’il avait, dans l’après-midi, mentionné sa mort, arrivée depuis sept ans ; et cependant, m’explique qui le pourra comment il se fit que Scrooge, en mettant la clé dans le trou de la serrure, vit dans le marteau, sans aucun procédé intermédiaire de transformation, non plus un marteau, mais le visage de Marley.

Le visage de Marley ! ce n’était plus une ombre impénétrable, semblable aux autres objets dans la cour ; il y avait autour de ce point sombre une lugubre lumière, comme en projetterait un homard furieux dans une noire cave. Rien qui annonçât la colère ou la férocité ; mais ce visage regardait Scrooge comme Marley regar-