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LES APPARITIONS DE NOËL.

se laisser effrayer par des échos ; il tira les verrous, franchit le vestibule et gravit l’escalier lentement et mouchant sa chandelle en chemin.

Dans l’escalier, assez large pour y laisser passer une voiture, il se crut précédé d’un corbillard ; mais cette nouvelle vision disparut bientôt, et Scrooge monta, sans broncher, toutes les marches. Avant de fermer la porte de sa chambre, il parcourut son appartement par un reste d’inquiétude après ce qu’il avait vu ou cru voir : tout était en règle, toutes les pièces en ordre ; rien sous la table, personne sous le sofa ni sous le lit, personne dans la robe de chambre suspendue avec une attitude suspecte contre la muraille. Un petit feu brûlait dans la grille de la chambre à coucher, avec un poêlon de gruau (Scrooge était enrhumé) sur le guéridon, la tasse et la cuillère. Satisfait en tous points, Scrooge s’enferma… à double tour, ce qui n’était pas sa coutume. Ainsi en sûreté contre une surprise, il ôta sa cravate, se mit en robe de chambre, en pantoufles et en bonnet de nuit, puis il s’assit devant le feu pour prendre sa tisane.

C’était un petit feu, en vérité, un bien petit feu pour une nuit si froide. Scrooge fut obligé de s’en rapprocher le plus possible, de le couver en quelque sorte avant d’en pouvoir extraire la moindre sensation de chaleur. Le foyer était un travail antique, foyer construit par quelque marchand hollandais, et incrusté tout autour de carreaux de faïence, espèce de mosaïque destinée à