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Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/383

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LES APPARITIONS DE NOËL.

dîner avec nous : qu’y gagne-t-il ? il est vrai qu’il n’y perd pas un bon dîner.

— Et moi je crois qu’il en perd un très-bon, dit la nièce de Scrooge ; chacun de le dire comme elle, et comme ils l’avaient mangé, étant au dessert, ils parlaient en juges compétents.

— Si vous ne m’aviez interrompu, reprit le neveu de Scrooge, j’allais ajouter qu’il perdait une compagnie plus agréable que celle de ses propres pensées, soit dans son vieux comptoir, soit dans sa chambre, autre nid à poussière ; mais il a beau ne pas nous aimer, je veux lui offrir la même chance tous les ans, car je le plains. Qu’il se moque de Noël jusqu’à sa mort, il ne peut qu’en penser plus favorablement à la longue, en me voyant chaque année venir toujours de bonne humeur lui demander : Oncle Scrooge, comment vous portez-vous ? Si je l’amenais à laisser cinquante livres sterling à son pauvre commis, ce serait toujours cela d’obtenu… et je crois l’avoir un peu ébranlé hier au soir… »

L’idée qu’exprimait le neveu de Scrooge, l’idée d’avoir ébranlé son oncle, les fit tous rire ; et lui, heureux de voir rire, fût-ce à ses dépens, les encouragea dans leur gaieté en faisant circuler joyeusement la bouteille.

Après le thé, on fit de la musique ; car c’était une famille de musiciens, qui exécutaient admirablement, je vous assure, et surtout Toper, l’ami du neveu de Scrooge, qui faisait gronder sa basse comme un artiste sans qu’on