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LES APPARITIONS DE NOËL.

vît se gonfler les veines de son front et tout son visage devenir rouge. La nièce de Scrooge pinçait très-bien de la harpe : entre autres morceaux, elle joua ce soir-là un petit air bien simple, un air de rien, mais justement l’air favori de la petite sœur de Scrooge, celle qui était allée chercher son frère au pensionnat. À ces sons si familiers, Scrooge, attendri de plus en plus, vit apparaître encore toutes les images qu’avait naguère évoquées l’Esprit de Noël passé ; il se dit à lui-même que s’il avait entendu ces notes plus souvent, il aurait pu être moins indifférent aux douceurs de cette vie.

Mais la soirée ne fut pas consacrée tout entière à la musique. On joua aux gages touchés ; car il est bon de redevenir enfant quelquefois, et surtout à Noël, qui est la fête du divin enfant. On joua aussi à colin-maillard, et ce fut Toper qui se laissa le premier bander les yeux. Comme ce fut le neveu de Scrooge qui les lui banda, mon opinion est que les deux amis étaient d’accord ; le prétendu aveugle y voyait si bien, qu’il poursuivit exclusivement une seule et même personne, et c’était la propre sœur de la nièce de Scrooge, une bonne grosse fille qui eut beau fuir et se cacher, tantôt derrière un fauteuil, tantôt derrière un rideau… elle fut prise. Et savez-vous l’atroce conduite de Toper ? Prétendant ne pas la reconnaître, il voulut absolument toucher son bonnet, puis celui de ses doigts qui avait une certaine bague, et mettre la main sur la chaîne qu’elle por-