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LES APPARITIONS DE NOËL.

jamais mis le pied auparavant, quoiqu’il n’ignorât ni sa situation ni sa mauvaise renommée. Les rues étaient sales et étroites, les boutiques et les maisons misérables, les habitants à demi nus, mal chaussés, ivres et hideux. Des traverses et des ruelles vomissaient leurs émanations fétides et leurs immondices sur ce labyrinthe où tout respirait le crime, la boue et la misère. Entre toutes les portes de cet infâme repaire était celle d’une espèce de boutique-caverne, où l’on achetait le vieux fer, les vieilles bouteilles, les haillons, les débris de la boucherie et des os. Sur le plancher intérieur étaient empilés des clés rouillées, des clous, des chaînes, des gonds, des limes, des tringles, des plateaux de balance dépareillés, etc. ; des mystères qu’on ne sonde qu’avec dégoût se cachaient sous ces tas de loques, sous ces masses de graisse corrompue et ces sépulcres d’ossements. Assis auprès d’une étuve à charbon en briques, au milieu des articles de son commerce, un septuagénaire, vieux coquin à cheveux gris y se défendait contre le froid du dehors au moyen d’une sorte de rideau composé de linge usé suspendu à une corde, et il fumait sa pipe avec toute la volupté de la solitude.

Scrooge et l’Esprit se trouvèrent en présence de cet homme en même temps qu’une femme qui entra dans la boutique avec un lourd paquet. Elle fut suivie d’une autre chargée de même, et celle-ci presque immédiatement d’un homme en habit noir râpé : ces trois person-