Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LE CRICRI DU FOYER.

Telle était la réflexion que faisait le voiturier en se promenant en long et en large.

Il cherchait à bannir de son cœur les insinuations du marchand de joujoux, et malgré lui elles le remplissaient d’une inquiétude vague et indéfinissable ; car M. Tackleton était un esprit vif et rusé, tandis que John ne pouvait s’empêcher de se faire cet aveu pénible qu’il était, lui, un homme d’une perception lente, pour qui une indication incomplète ou interrompue était une continuelle torture. Certes, il n’avait pas la moindre intention de rattacher aucune des paroles de M. Tackleton à ce qui lui avait paru si extraordinaire tout à l’heure dans la conduite de sa femme. Mais ces deux sujets de réflexion s’emparaient ensemble de son imagination, et il ne pouvait parvenir à les séparer.

Le lit fut bientôt fait, et le voyageur sourd, refusant tout autre rafraîchissement qu’une tasse de thé, se retira dans sa chambre. Alors, Dot répétant que tout allait bien, tout à fait bien, arrangea le grand fauteuil, au coin de la cheminée, pour son mari, garnit sa pipe, la lui donna, et s’assit à côté de lui près du feu, sur son petit tabouret.

C’était son siège favori que ce petit tabouret. Je crois qu’elle l’aimait instinctivement comme un petit tabouret mignon, un tabouret ami.

Dot était d’ailleurs la femme la plus habile qu’on pût trouver dans les quatre parties du monde, pour garnir