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LE CRICRI DU FOYER.

vie réelle), les créateurs de ces poupées avaient été plus habiles que la nature qui est souvent si maladroite ou si perverse ; au lieu de se contenter de distinctions aussi arbitraires que le sont des costumes de satin, de calicot et de haillons, ils avaient ajouté à chacune des différences personnelles, qui rendaient toute méprise impossible. Ainsi, la poupée, dame du grand monde, avait des jambes et des bras de cire d’une symétrie parfaite, et qui n’étaient accordés qu’à elle et à ses égales ; le second rang dans l’échelle sociale ayant des jambes et des bras de peaux, et le troisième rang des jambes et des bras en loques ou en toile grossière. Quant aux gens du commun, ils n’avaient tout juste que des bras et des jambes d’allumettes ; ils se trouvaient relégués dans leur sphère, sans la possibilité d’en sortir.

On voyait dans l’atelier de Caleb Plummer bien d’autres preuves de son talent que ces diverses poupées. Il y avait des arches de Noé, où les bêtes et les oiseaux étaient entassés, je vous assure, de manière à tenir le moins de place possible, et à supporter impunément toutes les secousses. Par une licence poétique, la plupart de ces arches de Noé avaient des marteaux sur la porte, appendices peu naturels peut-être, en ce qu’ils rappelaient l’importunité des visites matinales, y compris celles du facteur de la poste, mais qui ajoutaient un ornement gracieux à l’extérieur de l’édifice. Il y avait par vingtaines de tristes petites voitures, qui, dès que