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Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/66

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LE CRICRI DU FOYER.

qui survint et avança la tête à la porte. Chantez, chantez, je ne chante pas, moi ! »

Personne ne l’en eût soupçonné, certes ! il n’avait pas ce qu’on appelle généralement une figure chantante.

« Non, je ne saurais chanter, poursuivit-il ; je suis charmé que vous le puissiez, vous. J’espère que vous pouvez travailler aussi. J’aurais cru que vous n’aviez pas trop de temps pour faire l’un et l’autre.

— Si vous pouviez le voir, Berthe ! quel air goguenard il a en me regardant ! dit tout bas Caleb à sa fille. Quel homme pour plaisanter ! Vous croiriez, n’est-ce pas, qu’il parle sérieusement, s’il ne vous était bien connu ? »

La jeune aveugle sourit en faisant un signe de tête affirmatif.

« On dit, reprit Tackleton en grommelant, qu’il faut faire chanter l’oiseau qui sait chanter et qui ne chante pas ; mais que faire au hibou qui ne sait pas chanter, qui ne doit pas chanter et qui veut chanter ?

— Oh ! dit encore Caleb à sa fille de sa voix la plus basse, oh ! si vous le voyiez ! quels yeux il nous fait ! Ah ! grâce du ciel !

— Toujours gai et plaisant avec nous ! s’écria Berthe, qui souriait de cette scène.

— Ah ! vous voilà, vous ? répondit Tackleton… Pauvre idiote ! »