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LE CRICRI DU FOYER.

— Vous dirai-je un secret, Berthe ?

— Si vous voulez, » répondit–elle avec empressement.

Comme il s’anima ce visage privé de la vue, comme elle devint radieuse cette tête dans une attitude attentive !

« C’est aujourd’hui, dit Tackleton, que cette petite… comment l’appelez-vous ? cet enfant gâté, la femme de Peerybingle vient vous faire sa visite de quinzaine, — c’est ce soir qu’elle fait ici son pique-nique, n’est-ce pas ? ajouta-t-il avec une vive expression de répugnance pour la chose.

— Oui, répondit Berthe, c’est aujourd’hui.

— Je le savais, dit Tackleton. Je voudrais être de la partie.

— Entendez-vous cela, mon père ? s’écria la jeune aveugle avec transport.

— Oui, oui, je l’entends, murmura Caleb avec le regard fixe d’un somnambule, mais je ne le crois pas ; c’est un de mes mensonges, sans doute.

— C’est que, voyez-vous, je voudrais rapprocher de plus en plus les Peerybingle de May Fielding, dit Tackleton… Je vais me marier avec May.

— Vous marier ! s’écria la jeune aveugle, qui tressaillit en reculant.

— Cette fille est si complètement idiote, murmura Tackleton, que je croyais qu’elle ne me comprendrait