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Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/82

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LE CRICRI DU FOYER.

froid piquant, car on était en janvier ; mais qui s’inquiétait de ces bagatelles ? Ce n’était pas Dot, assurément ; ce n’était pas Tilly Slowboy, qui estimait que voyager en voiture était le suprême plaisir sur terre, le comble des félicités humaines ; ce n’était pas le poupon, je le jure, car il n’exista jamais une nature de poupon plus heureuse que celle de ce petit Peerybingle, il n’en exista jamais pour avoir toujours chaud, et pour bien dormir en voiture comme dans son berceau.

Vous ne pouvez voir bien loin à travers le brouillard, nécessairement ; mais vous pouvez voir beaucoup encore, oh ! oui, beaucoup. Pour peu que vous vouliez bien regarder, combien de choses vous apparaissent dans un brouillard plus épais que celui de ce jour-là ! C’était déjà un charmant spectacle que de voir dans les champs ces cercles de gazon qu’on appelle les traces de la ronde des fées, et ces vestiges de la dernière neige ou de la dernière gelée, qui blanchissaient les places où l’ombre retarde le dégel près des haies et des arbres ; sans parler des formes bizarres que présentaient tout-à-coup les arbres eux-mêmes au milieu de la brume. Les haies, toutes dépouillées de leurs feuilles, abandonnaient au vent une multitude de guirlandes flétries ; mais cette vue n’avait rien de décourageant : elle vous rappelait agréablement que vous possédiez un bon coin du feu pour l’hiver, et le printemps vous apparaissait plus vert dans votre espérance. La rivière avait un air de froi-