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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/180

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ordre écrit de sa main à mistress Micawber de me rendre cette somme, puis remit son mouchoir dans sa poche, et reprit sa gaieté.

Nous étions assis devant un petit feu, deux briques placées en travers dans la vieille grille empêchaient qu’on ne brûlât trop de charbon, quand un autre débiteur, qui partageait la chambre de M. Micawber, entra portant le morceau de mouton qui devait composer notre repas à frais communs. Alors on m’envoya dans une chambre située à l’étage supérieur, chez le oapitaine Hopkins, avec les compliments de M. Micawber, pour lui dire que j’étais son jeune ami, et demander si le capitaine Hopkins voulait bien me prêter un couteau et une fourchette.

Le capitaine Hopkins me prêta le couteau et la fourchette en me chargeant de faire ses compliments à M. Micawber. Je vis dans sa petite chambre une dame très-sale et deux jeunes filles pâles, avec des cheveux en désordre. Je ne pus m’empêcher de faire en moi-même la réflexion qu’il valait mieux emprunter au capitaine Hopkins sa fourchette et son couteau que son peigne. Le capitaine était réduit à l’état le plus déplorable, il portait un vieux, vieux par-dessus sans par-dessous, et des favoris énormes. Le matelas était roulé dans un coin, et je devinai (Dieu sait comment), que les jeunes filles mal peignées étaient bien les enfants du capitaine Hopkins, mais que la dame malpropre n’était pas sa femme. Je ne quittai pas le seuil de la porte, je n’y fis qu’une station de deux minutes au plus, mais je redescendis aussi sûr de tout ce que je viens de dire que je l’étais d’avoir un couteau et une fourchette à la main.

Il y avait dans ce dîner de bohémiens quelque chose qui n’était pas désagréable après tout. Je rendis la fourchette et le couteau à leur légitime possesseur, et je retournai à la maison pour rendre compte de ma visite à mistress Micawber. Elle s’évanouit d’abord en me voyant, après quoi elle fit deux verres de grog pour nous consoler pendant que je lui racontais ma journée.

Je ne sais comment on en vint à vendre les meubles pour soutenir la famille, je ne sais qui se chargea de cette opération, en tous cas, je ne m’en mêlai pas. Tout fut vendu, et emporté dans une charrette, à l’exception des lits, de quelques chaises et de la table de cuisine. Nous campions avec ces meubles dans les deux pièces du rez-de-chaussée, au milieu de cette maison