et de la confiance ? il y avait de tout cela ; et à tout cela venait se mêler cette horreur de je ne sais quoi.
Mon entrée et ma question la firent sortir de sa rêverie, et changèrent aussi le cours des idées du docteur, car lorsque je rentrai pour rendre la bougie que j’avais prise sur la table, il caressait les cheveux de sa femme d’un air paternel.
« Je ne suis, lui disait-il, qu’un vieil égoïste de me laisser entraîner ainsi par votre patience, à vous faire de pareilles lectures, au lieu de vous envoyer coucher, ce qui vaudrait bien mieux. »
Mais elle lui demanda d’un ton pressant, quoique d’une voix mal assurée, de lui permettre de rester et de sentir qu’elle avait toute sa confiance ce soir-là ; elle balbutia ces derniers mots ; et quand elle se tourna de nouveau vers lui, après m’avoir jeté un regard au moment où je sortais, je la vis croiser ses mains sur le genou du docteur, et le regarder avec le même visage qu’auparavant, quoique avec un peu plus de calme, pendant qu’il reprenait sa lecture.
Cet incident me fit une grande impression alors, et je m’en souvins longtemps après, comme j’aurai l’occasion de le raconter quand le temps en sera venu.
Je n’ai pas pensé à parler de Peggotty depuis ma fuite, mais naturellement je lui avais écrit dès que j’avais été établi à Douvres, et une seconde lettre, plus longue que la première, lui avait fait connaître tous les détails de mes aventures, quand ma tante m’eut pris formellement sous sa protection. Une fois installé chez le docteur Strong, je lui écrivis de nouveau pour lui apprendre ma bonne situation et mes joyeuses espérances. Je n’aurais pu éprouver à dépenser l’argent que M. Dick m’avait donné, la moitié de la satisfaction que je ressentis à envoyer, dans cette dernière lettre, une pièce d’or de huit schellings à Peggotty en remboursement de la somme que je lui avais empruntée, et ce ne fut que dans cette épître que je fis mention de mon voleur avec son âne : jusqu’alors j’avais évité de lui en parler.