Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/358

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— Et c’est passé ? répliqua miss Mowcher. Il est donc volage ? quolle honte !

II a sucé le suc de chaque fleur,
Portant partout son inconstante ardeur
Jusqu’au jour où, belle Marie,
Vous l’avais fixé pour la vie.


Qu’en dites-vous ? est-ce bien Marie qu’elle s’appelle ? »

Cette question tombait si brusquement sur moi, et l’espèce de lutin qui me l’adressait me regardait d’un air si rusé, que je fus tout à fait déconcerté pendant un moment.

« Non, miss Mowcher, répondis-je, elle s’appelle Émilie.

— Ah ! ah ! dit-elle du même ton. Voyez-vous ça ? Je suis sûre que vous me trouvez bien bavarde, n’est-ce pas, monsieur Copperfield ? Mais n’ayez pas peur, je suis discrète. »

Son ton et ses regards avaient une signification qui ne me plaisaient pas dans la circonstance. Je lui dis donc d’un air plus grave que celui que nous avions pris jusqu’alors :

« Elle est aussi vertueuse qu’elle est jolie ; elle doit épouser un excellent et digne homme de sa condition. Si je l’aime pour sa beauté, je ne l’estime pas moins pour son bon sens.

— Bien parlé dit Steerforth. Écoutez, écoutez ! maintenant, ma chère Pâquerette je vais éteindre la curiosité de cette petite Fatime, pour qu’elle n’aille pas se mettre martel en tête. C’est une jeune fille qui est pour le moment en apprentissage, miss Mowcher, chez Omer et Joram, marchands de nouveautés, de modes, etc., dans cette ville. Vous entendez bien ? Orner et Joram ! Elle est fiancée, comme mon ami vous l’a dit, à son cousin, nom de baptême, Ham ; nom de famille, Peggotty ; état, constructeur de bâtiments, de la même ville. Elle vit avec un de ses parents ; nom de baptême, inconnu ; nom de famille, Peggotty ; état, marin, de la même ville. C’est la plus jolie et la plus charmante petite fée qu’on puisse voir : je la trouve, comme mon ami… extrêmement jolie. Si ce n’était que j’aurais l’air de rabaisser son fiancé, ce qui déplairait à mon ami, j’ajouterais qu’il me semble qu’elle déroge, qu’elle aurait pu trouver un meilleur parti, et qu’elle était née pour être une dame, ma parole d’honneur ! »

Miss Mowcher écouta ces paroles, qui furent prononcées lentement et distinctement, en penchant sa tête de côté et en cherchant toujours de l’œil la réponse qu’elle attendait. Quand il eut fini, elle reprit tout à coup son activité, et recommença â bavarder avec une volubilité étonnante.