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Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/101

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La lettre m’était adressée (M. Micawber ne perdait jamais une occasion d’écrire une lettre), et portait : « Confiée bons soins de T. Traddles. esq., du Temple. »


« Mon cher Copperfield,

« Vous ne serez peut-être pas très-étonné d’apprendre que j’ai rencontré une bonne chance, car, si vous vous le rappelez, je vous avais prévenu, il y a quelque temps, que j’attendais incessamment quelque événement de ce genre.

« Je vais m’établir dans une ville de province de notre Île fortunée. La société de cette cité peut être décrite comme un heureux mélange des éléments agricoles et ecclésiastiques, et j’y aurai des rapports directs avec l’une des professions savantes. Mistress Micawber et notre progéniture m’accompagneront. Nos cendres se trouveront probablement déposées un jour dans le cimetière dépendant d’un vénérable sanctuaire, qui a porté la réputation du lieu dont je parle, de la Chine au Pérou, si je puis m’exprimer ainsi.

« En disant adieu à la moderne Babylone où nous avons supporté bien des vicissitudes avec quelque courage, mistress Micawber et moi ne nous dissimulons pas que nous quittons peut-être pour bien des années, peut-être pour toujours, une personne qui se rattache par des souvenirs puissants à l’autel de nos dieu domestiques. Si, à la veille de notre départ, vous voulez bien accompagner notre ami commun, M. Thomas Traddles, à notre résidence présente, pour échanger les vœux ordinaires en pareil cas, vous ferez le plus grand honneur

« à
« un
« homme
« qui
« vous
«sera
« toujours fidèle,
« Wilkins Micawber. »


Je fus bien aise de voir que M. Micawber avait enfin secoué son cilice et véritablement rencontré une bonne chance. J’appris de Traddles que l’invitation était justement pour ce soir même, et, avant qu’elle fût plus avancée, j’exprimai mon intention d’y faire honneur : nous prîmes donc ensemble le chemin