Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/102

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de l’appartement que M. Micawber occupait sous le nom de M. Mortimer, et qui était situé en haut de Gray’s-Inn-Road.

Les ressources du mobilier loué à M. Micawber étaient si limitées, que nous trouvâmes les jumeaux, qui avaient alors quelque chose comme huit ou neuf ans, endormis sur un lit-armoire dans la salon, où M. Micawber nous attendait avec un pot-à-l’eau rempli du fameux breuvage qu’il excellait à faire. J’eus le plaisir, dans cette occasion, de renouveler connaissance avec maître Micawber, jeune garçon de douze ou treize ans qui promettait beaucoup, s’il n’avait pas été sujet déjà à cette agitation convulsive dans tous les membres qui n’est pas un phénomène sans exemple chez les jeunes gens de son âge. Je revis aussi sa sœur, miss Micawber, en qui « sa mère ressuscitait sa jeunesse passée, comme le phénix, » à ce que nous apprit M. Micawber.

« Mon cher Copperfield, me dit-il, M. Traddles et vous, vous nous trouvez sur le point d’émigrer ; vous excuserez les petites incommodités qui résultent de la situation. »

En jetant un coup d’œil autour de moi, avant de faire une réponse convenable, je vis que les effets de la famille étaient déjà emballés, et que leur volume n’avait rien d’effrayant. Je fis mes compliments à mistress Micawber sur le changement qui allait avoir lieu dans sa position.

« Mon cher monsieur Copperfield, me dit mistress Micawber, je sais tout l’intérêt que vous voulez bien prendre à nos affaires. Ma famille peut regarder cet éloignement comme un exil, si cela lui convient, mais je suis femme et mère, et je n’abandonnerai jamais M. Micawber. »

Traddles, au cœur duquel les yeux de mistress Micawber faisaient appel, donna son assentiment d’un ton pénétré.

« C’est au moins, continua-t-elle, ma manière de considérer l’engagement que j’ai contracté, mon cher monsieur Copperfield, et vous aussi, monsieur Traddles, le jour où j’ai prononcé ces mots irrévocables : « Moi, Emma, je prends pour mari Wilkins. » J’ai lu d’un bout à l’autre l’office du mariage à la chandelle, la veille de ce grand acte, et j’en ai tiré la conclusion que je n’abandonnerais jamais M. Micawber. Aussi, poursuivit-elle, je peux me tromper dans ma manière d’interpréter le sens de cette pieuse cérémonie, mais je ne l’abandonnerai pas.

— Ma chère, dit M. Micawber avec un peu d’impatience, qui vous a jamais parlé de cela ?