Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/314

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« Émilie restera avec moi, continua-t-il, pauvre enfant ! elle a si grand besoin de repos et de calme jusqu’au moment de notre départ ! Elle préparera son petit trousseau de voyage et j’espère qu’une fois pris de son vieil oncle qui l’aime tant, malgré la rudesse de ses façons, elle finira par oublier le temps où elle était malheureuse. »

Ma tante confirma cette espérance par un signe de tête qui causa à M. Peggotty une vive satisfaction.

« Il y a encore une chose maître Davy, dit-il en remettant la main dans la poche de son gilet, pour en tirer gravement le petit paquet de papiers que j’avais déjà vu, et qu’ildéroula sur la table. Voilà ces billets de banque : l’un de cinquante livres sterling, l’autre de dix. Je veux y ajouter l’argent qu’elle a dépensé pour son voyage. Je lui ai demandé combien c’était, sans lui dire pourquoi, et j’ai fait l’addition ; mais je ne suis pas fort en arithmétique. Voulez-vous être assez bon pour voir si c’est juste ? »

Il me tendit un morceau de papier, et ne me quitta pas des yeux, tandis que j’examinais son addition. Elle était parfaitement exacte.

« Merci, monsieur, me dit-il, en resserrant le papier. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, maître Davy, je mettrai cette somme sous enveloppe, avant de m’en aller, à son adresse à lui, et le tout dans une autre enveloppe adressée à sa mère ; à qui je dirai seulement ce qu’il en est, et, comme je serai parti, il n’y aura pas moyen de me le renvoyer. »

Je trouvai qu’il avait raison, parfaitement raison.

«  J’ai dit qu’il y avait encore une chose, continua-t-il avec un grave sourire, en remettant le petit paquet dans sa poche, mais il y en avait deux. Je ne savais pas bien ce matin si je ne devais pas aller moi-même annoncer à Ham notre grand bonheur. J’ai fini par écrire une lettre que j’ai mise à la poste, pour leur dire à tous ce qui s’était passé et demain j’irai décharger mon cœur de ce qui n’a que faire d’y rester, et, probablement, faire mes adieux à Yarmouth !

— Voulez-vous que j’aille avec vous ? lui dis-je, voyant qu’il avait encore quelque chose à me demander.

— Si vous étiez assez bon pour cela, maître Davy, répondit-il, je sais que ça leur ferait du bien de vous voir. »

Ma petite Dora se sentait mieux et montrait un vif désir que j’allasse avec M. Peggotty ; je lui promis donc de l’accompagner. Et le lendemain matin nous étions dans la diligence