Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/366

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Voyant que Traddles regardait ma tante d’un air soucieux, je lui rappelai qu’il avait fait allusion à deux questions dont il devait nous parler.

« Votre tante m’excusera et vous aussi, Copperfield, si j’aborde un sujet aussi pénible, dit Traddles en hésitant, mais je crois nécessaire de le rappeler à votre souvenir. Le jour où M. Micawber nous a fait cette mémorable dénonciation, Uriah Heep a proféré des menaces contre le mari de votre tante. »

Ma tante inclina la tête, sans changer de position, avec le même calme apparent.

« Peut-être, continua Traddles, n’était-ce qu’une impertinence en l’air.

— Non, répondit ma tante.

— Il y avait donc… je vous demande bien pardon… une personne portant ce titre… ? dit Traddles, et elle était sous sa coupe ?

— Oui, mon ami, » dit ma tante.

Traddles expliqua, et d’une mine allongée, qu’il n’avait pas pu aborder ce sujet, et que dans l’arrangement qu’il avait fait, il n’en était pas question, non plus que des lettres de créance contre M. Micawber ; que nous n’avions plus aucun pouvoir sur Uriah Heep, et que s’il était à même de nous faire du tort, ou de nous jouer un mauvais tour, aux uns ou aux autres, il n’y manquerait certainement pas.

Ma tante gardait le silence : quelques larmes coulaient sur ses joues.

« Vous avez raison, dit-elle. Vous avez bien fait d’en parler.

— Pouvons-nous faire quelque chose, Copperfield ou moi ? demanda doucement Traddles.

— Rien, dit ma tante. Je vous remercie mille fois. Trot, mon cher, ce n’est qu’une vaine menace. Faites rentrer M. et mistress Micawber. Et surtout ne me dites rien ni les uns ni les autres ! » En même temps, elle arrangea les plis de sa robe, et se rassit, toujours droite comme à l’ordinaire, les yeux fixés sur la porte.

« Eh bien, M. et mistress Micawber, dit ma tante en les voyant entrer, nous avons discuté la question de votre émigration, je vous demande bien pardon de vous avoir laissés si longtemps seuls ; voici ce que nous vous proposons. »

Puis elle expliqua ce qui avait été convenu, à l’extrême satisfaction