Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/41

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affaires de formalités ordinaires, genre d’affaires, par parenthèse, três-facile et très-lucratif, étant finies, je la conjurai un matin à l’étude pour régler son compte. M. Speplow était sorti un moment, à ce que m’apprit le vieux Tiffey, il était allé conduire un monsieur qui venait prêter serment pour une dispense de bans ; mais comme je savais qu’il allait revenir tout de suite, attendu que notre bureau était tout près de celui du vicaire général, je dis à Peggotty d’attendre.

Nous jouions un peu, à la Cour, le rôle d’entrepreneurs de pompes funèbres lorsqu’il s’agissait d’examiner un testament, et nous avions habituellement pour règle de nous composer un air plus ou moins sentimental quand nous avions affaire à des clients en deuil. Par le même principe, autrement appliqué, nous étions toujours gais et joyeux quand il s’agissait de clients qui allaient se marier. Je prévins donc Peggotty qu’elle allait trouver M. Spenlow assez bien remis du coup que lui avait porté le décès de M. Barkis, et le fait est que lorsqu’il entra, on aurait cru voir entrer le fiancé.

Mais ni Peggotty ai moi nous ne nous amusâmes à le regarder, quand nous le vîmes accompagné de M. Murdstone. Ce personnage était très-peu changé. Ses cheveux étaient aussi épais et aussi noirs qu’autrefois, et son regard n’inspirait pas plus de confiance que par le passé.

« Ah ! Copperfield, dit M. Spenlow, vous connaissez monsieur, je crois ? »

Je saluai froidement M. Murdstone. Peggotty se borna à faire voir qu’elle le reconnaissait. Il fut d’abord un peu déconcerté de nous trouver tous les deux ensemble, mais il prit promptement son parti et s’approcha de moi.

« J’espère, dit-il, que vous allez bien ?

— Cela ne peut guère vous intéresser, lui dis-je. Mais, si vous tenez à le savoir, oui. »

Nous nous regardâmes un moment, puis il s’adressa à Peggotty.

« Et vous, dit-il, je suis fâché de savoir que vous ayez perdu votre mari.

— Ce n’est pas le premier chagrin que j’aie eu dans ma vie, monsieur Murdstone, répliqua Peggotty en tremblant de la tête aux pieds. Seulement, j’ose espérer qu’il n’y a personne à en accuser cette fois, personne qui ait à se le reprocher.

— Ah ! dit-il, c’est une grande consolation, vous avez accompli votre devoir ?