Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/413

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grande, il me conduisit d’abord dans un vestibule en miniature, puis dans un petit salon où je me trouvai en présence de mon vieil ami (également hors d’haleine) assis devant une table, le nez sur des papiers.

« Bon Dieu ! s’écria Traddles en levant les yeux vers moi : s’est Copperfield ! Et il se jeta dans mes bras, où je le tins longtemps enlacé.

— Tout va bien, mon cher Traddles ?

— Tout va bien, mon cher, mon bon Copperfield, et je n’ai que de bonnes nouvelles à vous donner. »

Nous pleurions de joie tous les deux.

« Mon cher ami, dit Traddles qui, dans sa satisfaction, s’ébouriffait les cheveux, quoique ce fût bien peu nécessaire, mon cher Copperfield, mon excellent ami, que j’avais perdu depuis si longtemps et que je retrouve enfin, comme je suis content de vous voir ! Comme vous êtes bruni ! Comme je suis content ! Ma parole d’honneur, mon bien-aimé Copperfield, je n’ai jamais été si joyeux ! non, jamais. »

De mon côté, je ne pouvais pas non plus exprimer mon émotion. J’étais hors d’état de dire un mot.

« Mon cher ami ! dit Traddles. Et vous êtes devenu si fameux ! Mon illustre Copperfield ! Bon Dieu ! mais d’où venez-vous, quand êtes-vous arrivé ? Qu’est-ce que vous étiez devenu ? »

Sans attendre une réponse à toutes ses questions, Traddles qui m’avait installé dans un grand fauteuil, près du feu, s’ocoupait d’une main à remuer vigoureusement les charbons, tandis que de l’autre il me tirait par ma cravate, la prenant sans doute pour ma redingote. Puis, sans prendre le temps de déposer les pincettes, il me serrait à grands bras, et je le serrait à grands bras, et nous riions tous deux, et nous nous essuyions les yeux ; puis nous rasseyant, nous nous donnions des masses de poignées de main éternelles par-devant la cheminée.

« Quand on pense, dit Traddles, que vous étiez si près de votre retour, et que vous n’avez pas assisté à la cérémonie !

— Quelle cérémonie ? mon cher Traddles.

— Comment ! s’écria Traddles, en ouvrant les yeux comme autrefois. Vous n’avez donc pas reçu ma dernière lettre ?

— Certainement non, s’il y était question d’une cérémonie.

— Mais, mon cher Copperfield, dit Traddles, en passant ses doigts dans ses cheveux, pour les redresser sur sa tête avant de rabattre ses mains sur mes genoux, je suis marié !

— Marié ! lui dis-je, en poussant un cri de joie.