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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/336

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tournant de la rue ; » mais à peine avais-je prononcé ces mots que le jeune homme, l’âne, la voiture et ma malle partirent comme si le diable les emportait et je ne pus les atteindre qu’en face de la cour du Banc du Roi.

Là, encore tout essoufflé et troublé par ma course, je fis tomber ma demi-guinée de ma poche en retirant ma carte d’adresse, et pendant que j’attachais celle-ci d’une main tremblante, je mis, pour plus de sûreté, la pièce d’or entre mes dents. Tout-à-coup je me sens violemment frappé sous le menton par le grand jeune homme et vois ma demi-guinée passer de ma bouche dans sa main.

« — Oh ! oh ! » me dit-il en me saisissant par le collet, « c’est ici un cas de police. Vous allez mettre votre vol en sûreté, n’est-ce pas ? À la police, mon jeune coquin, à la police.

» — Rendez-moi mon argent, s’il vous plaît, et laissez-moi ! » lui dis-je très effrayé.

« — À la police, » répéta le jeune homme, « à la police, vous prouverez là que tout ceci est à vous.

» — Rendez-moi ma malle et mon argent, » lui dis-je fondant en larmes.

« — À la police, à la police ! » Le jeune homme n’avait pas d’autre réponse, me pous-