sant contre son âne comme s’il y avait quelque affinité entre l’animal et un magistrat, lorsque, changeant tout-à-coup d’idée, il me laissa, monta dans sa voiture, et, fouettant l’âne en disant qu’il allait à la police, il partit d’un train plus rapide encore que tout à l’heure.
Je courais après lui, mais j’étais trop hors d’haleine pour crier, et peut-être n’aurais-je pas osé si je l’avais pu. Je faillis plus de vingt fois être écrasé par les voitures que je rencontrai dans une course d’un demi-mille, tantôt apercevant mon grand jeune homme, tantôt le perdant de vue, ici recevant le coup de fouet d’un cocher, là tombant dans le ruisseau, me relevant et me précipitant dans les bras d’un passant ou contre un poteau de réverbère. Enfin, étouffant de peur et de chaleur, craignant que tout Londres ne fût à mes trousses, je laissai aller le grand jeune homme où il voulut avec mon argent et ma malle. Je reconnus alors que j’étais bientôt hors de la ville et dans la direction de Greenwich ; je savais que c’était aussi la route de Douvres ; hors d’haleine, fondant en larmes, mais sans m’arrêter, je continuai de marcher pour arriver si je le pouvais à la maison de ma tante Miss Betsey, n’étant guère mieux pourvu sur