s’être vendu au diable : de temps en temps les enfants venaient escarmoucher aux alentours de la boutique et provoquer le misérable fripier en lui criant : « Tu sais bien que tu n’es pas pauvre, Charley. Apporte ton or ; donne-nous quelques-unes des guinées que tu caches dans ton lit, et pour lesquelles tu t’es livré à Satan. Veux-tu un couteau pour éventrer ta paillasse : viens le chercher, en voilà un ; viens, Charley, si tu n’es plus ivre ! » Ces provocations exaspéraient le vieux juif, et il faisait une sortie contre les enfants qui s’enfuyaient et revenaient sans cesse. Quelquefois, dans sa rage, il me prenait pour un des assaillants et me menaçait comme s’il allait me mettre en pièces : puis, me reconnaissant juste à temps, il me laissait là, se replongeait dans sa boutique, et je devinais qu’il s’étendait sur le grabat de son alcôve en distinguant les grognements de son rauque gosier. Pour comble de disgrâce, les enfants, à me voir là si patient, finirent par me confondre avec l’établissement, me jetèrent des pierres et me crièrent des injures.
Je ne savais quel parti prendre, lorsque le vieux fripier, vaincu aussi par ma persévérance, essaya de se débarrasser de moi en me