Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/11

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Nous descendîmes de voiture et nous entrâmes dans un premier salon qui donnait sur la rue. Là, de la fenêtre, je vis Uriah Heep, à qui nous avions laissé le poney, lui soufflant dans les naseaux et les couvrant en même temps de sa main, comme s’il lui jetait un charme. En face d’une haute cheminée gothique étaient deux portraits : l’un représentait un personnage à cheveux presque blancs (quoique d’un âge moyen) et sourcils noirs, regardant des papiers liés ensemble avec un ruban rouge ; l’autre représentait une dame de physionomie calme et douce dont les yeux se fixaient sur moi.

Ces yeux captivaient les miens, lorsqu’une porte s’ouvrit et je vis venir à nous un Monsieur qui me fit croire d’abord que c’était le portrait sorti tout-à-coup de son cadre, je reconnus encore que quelque ressemblante que fût cette peinture, elle était évidemment faite depuis quelques années.

« — Miss Betsey Trotwood, » dit ce Monsieur, « passez, je vous prie, dans mon cabinet. J’étais en affaire ; pardonnez-moi de vous avoir fait attendre. Je ne m’appartiens pas ; je suis tout à mes clients, et vous savez quel est mon motif pour être si occupé. Je n’en ai qu’un dans ma vie. »