Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/110

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barbe, je sentis, hélas ! que je n’en avais nul besoin et je rougis. Pendant tout le temps que je m’habillai, je fus persécuté par le soupçon qu’elle avait ri en me parlant ainsi, et, l’ayant rencontrée sur l’escalier en descendant pour le déjeuner, je dus lui paraître confus et honteux. Je l’aurais évitée si j’avais pu apercevoir une autre issue ; je fis même un pas en arrière et me penchai à une fenêtre d’où je feignis de regarder, à travers le brouillard, la statue équestre de Charles II, jusqu’à ce que le garçon m’avertît que M. J. Steerforth m’attendait.

J’allais me diriger vers la salle commune, mais le garçon me dit que c’était dans un petit parloir attenant à sa chambre que Steerforth s’était fait servir. Je revins sur mes pas et j’entrai chez mon ami. J’admirai l’appartement en miniature qu’il occupait, composé de trois jolies pièces, avec des tapis, des rideaux rouges aux croisées, où tout était propre et brillant comme s’il eût été chez lui et non à l’hôtel. Dans une glace qui faisait face à l’entrée, j’admirai le tableau de cet intérieur élégant, et en y voyant Steerforth si calme, si naturellement à son aise, si sûr de lui-même, mon supérieur en tout (l’âge compris), j’é-