Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/128

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fît déroger, c’eût été lui infliger un affront gratuit. Les servantes reconnaissaient si naturellement ce caractère digne d’égards, qu’elles faisaient d’elles-mêmes une partie de l’ouvrage qui eût semblé devoir être dans ses attributions, et cela, en général, pendant qu’il lisait le journal, assis à l’office au coin du feu.

Jamais je n’ai vu un homme qui sût si bien se contenir ; mais cette qualité était encore une de celles qui le relevaient aux yeux de tous. Personne ne connaissait son nom de baptême, autre motif de respectabilité. On l’appelait Littimer. On aurait pu dire à Pierre : « Va te faire pendre ! » à Tom : « Va à tous les diables ! » mais Littimer était parfaitement respectable.

C’était sans doute l’effet de la vénération naturelle qu’inspire l’idée abstraite de respectabilité qui m’en imposait ; mais je me sentais plus jeune en présence de cet homme qu’en présence de n’importe qui. Quel âge avait-il lui-même ? Je ne pouvais le deviner : autre mystère tout à son crédit ; car, sous le calme de ses manières, il pouvait avoir cinquante ans aussi bien que trente.

Littimer était dans ma chambre le matin avant que je fusse levé. Il m’apportait l’eau