Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Peggoty recula d’un pas, et son geste d’effroi semblait vouloir m’éloigner d’elle.

« — Peggoty ! » m’écriai-je.

» — Mon enfant chéri ! » répondit-elle ; et tous les deux, fondant en larmes, nous nous jetâmes dans les bras l’un de l’autre.

Je ne décrirai pas les extravagances de Peggoty, ses éclats de rire, ses larmes, l’orgueil de sa joie et l’expression simultanée de sa douleur, quand, faisant un retour sur le passé, elle dit : « Ah ! si elle vivait encore, c’est elle qui serait fière et qui embrasserait tendrement son fils, » voulant parler de ma pauvre mère.

Je ne fus pas un moment troublé par la pensée de contenir mes émotions de peur de ne pas paraître un homme. Jamais, j’ose le dire, je n’avais pleuré et ri aussi franchement, même avec elle, que je pleurai et ris ce jour-là.

« — Barkis sera si heureux de vous voir, » dit Peggoty s’essuyant les yeux avec son tablier, « que cela lui fera plus de bien que le meilleur liniment. Irai-je lui dire que vous êtes ici ? Voulez-vous monter auprès de lui, mon cher enfant ? »

Si je voulais !… Nous montâmes ; mais Peggoty, qui me précédait, se retourna deux ou