Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/154

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M. Peggoty alla donc chercher Émilie dans mon ancienne chambrette. D’abord Émilie refusa de revenir, et Cham alla aussi la chercher. L’oncle et le neveu la ramenèrent enfin au coin du feu, honteuse, embarrassée… mais elle se rassura bientôt quand elle vit avec quels égards et quelle délicate réserve Steerforth s’adressait à elle, évitant toute allusion à la circonstance, parlant à M. Peggoty de navigation, de pêches, de marées, le complimentant sur l’originalité de sa demeure, lui rappelant sa visite à Salem-House, bref, charmant son cercle par sa conversation toujours intéressante et variée.

Émilie parla peu ce soir-là ; mais elle écoutait, elle regardait avec ses yeux si doux ; elle s’animait à un récit, elle souriait à un bon mot, toujours ravissante. Steerforth l’intéressa vivement par un conte de naufrage ; puis, pour faire diversion, il nous dit quelques-unes de ses joyeuses aventures qui firent éclater la gaieté générale : M. Daniel Peggoty, mis en verve, chanta une chanson de matelot, et Steerforth, pour le remercier de sa complaisance, chanta à son tour une ballade mélancolique qui nous fit à tous répandre des larmes d’attendrissement. Il n’y eut pas jusqu’à