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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/16

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dont il faisait une copie. Je crus d’abord que cet écrit formait entre nous une sorte d’écran qui l’empêchait de me voir ; mais en regardant plus attentivement, j’observai, non sans être un peu gêné, que de temps en temps ses prunelles ardentes glissaient sous le papier leurs regards sournois, semblables à deux rayons de soleil obliques, et se fixaient sur les miens pendant une minute entière sans que la plume cessât de courir, en apparence du moins, sur le pupitre. Je cherchai à ne pas les rencontrer, soit en me dressant pour examiner une mappemonde collée contre la muraille, soit en lisant le journal du comté de Kent que je pris sur une table ; mais ces prunelles avaient une puissance d’attraction qui me ramenait toujours dans la direction de leur rayon visuel, et, chaque fois, j’étais sûr de les trouver fixées sur moi.

Sans me rendre compte de cette fascination, je fus charmé de voir revenir ma tante et M. Wickfield après une absence qui me parut longue. Leur excursion n’avait pas été complètement satisfaisante. Le pensionnat avait convenu, mais non les maisons où M. Wickfield avait proposé de me loger en attendant qu’il y eût place pour moi dans l’établissement même.