Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/171

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quelques cordiales paroles, je remarquai qu’en s’éloignant de nous elle ne s’appuyait plus sur le bras qu’elle avait abandonné. — Steerforth admira comme moi sa démarche timide et gracieuse à la clarté d’une lune naissante.

Tout-à-coup passa contre nous une jeune femme qui, évidemment, suivait Cham et Émilie. Je ne fis qu’entrevoir son visage, et il me sembla qu’elle ne m’était pas inconnue. Cette femme était légèrement vêtue, avait un air à la fois hardi et effaré, pimpant et misérable ; mais en ce moment elle paraissait s’occuper très peu de son air et de sa personne, tout entière à son désir d’atteindre ceux qui la devançaient. Bientôt elle disparut comme eux.

« — On dirait un spectre qui poursuit Émilie ! Qu’est-ce que cela peut signifier ? » demanda Steerforth à demi-voix avec un accent presque étrange.

« — Quelque pauvresse qui espère obtenir d’eux une aumône, » répondis-je.

« — Vous avez peut-être raison, » répliqua Steerforth ; « et cependant il me paraît extraordinaire qu’une mendiante ait pris cette figure en ce moment…

» — Et pourquoi ?