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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/199

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elle en se grattant le nez ; « je n’ai pas l’esprit en repos, Trot, depuis que je suis ici. »

Prévenant la question affectueuse que j’allais lui adresser, elle ajouta en posant mélancoliquement sa main droite sur la table :

« — Je suis convaincue que Dick n’est pas d’un caractère à empêcher les ânes de passer sur ma pelouse : il manque de la fermeté nécessaire. J’aurais dû laisser Jeannette à sa place, et je serais peut-être plus tranquille. Ah ! » dit-elle avec émotion, « je suis assurée qu’un âne a empiété sur le gazon aujourd’hui même ; à quatre heures de l’après-midi, un frisson m’a glacée de la tête aux pieds… je sais que c’était un âne ! »

J’essayai vainement de la consoler sur cet article et de réfuter son pressentiment.

« — Non, non, » répéta-t-elle, « c’était un âne ! celui-là même avec la queue mutilée qui servait de monture à cette méchante sœur de M. Murdstone le jour de leur visite. S’il est à Douvres un âne plus audacieux, plus provoquant et plus entêté que les autres, c’est cet âne-là ! » s’écria ma tante en frappant du poing sur la table.

Jeannette hasarda aussi de prétendre que ma tante se créait des inquiétudes sans aucun