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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/200

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fondement, puisqu’elle croyait savoir que l’âne en question était en ce moment employé à charrier du gravier et du sable, ce qui rendait difficile qu’il passât sur la pelouse… Ma tante ne voulut rien entendre.

Le souper fut bien servi et servi chaud, quoique ma tante eût son appartement à l’étage le plus élevé de l’hôtel, soit qu’elle voulût avoir le plus d’escalier de pierre possible pour son argent, soit pour se trouver plus près de l’issue pratiquée sur les toits ; je l’ignore ; mais je répète que le souper était excellent : je lui fis honneur. Quant à ma tante, elle mangea peu : elle avait ses préjugés sur les comestibles de Londres ; elle toucha à peine au beefsteak, au poulet rôti et aux légumes, qui me trouvèrent moins difficile.

« — Je suppose, » dit-elle, « que cet infortuné poulet est né et a été élevé dans une cave ; il n’aura jamais pris l’air que sur l’emplacement d’une station de fiacres. Quant au beefsteak, j’espère que c’est de la viande de bœuf ; je l’espère, sans le croire. Rien n’est naturel dans cette ville, excepté la boue.

» — Ne pensez-vous pas, ma tante, » lui répondis-je, « que la volaille peut bien être venue de la campagne ?