Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/204

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sède, ou du moins… (Ici je fus surpris de son hésitation et de l’air embarrassé de sa physionomie ; mais elle reprit) : Non, personne n’a de droits sur ce que je possède… et vous êtes mon fils adoptif. Soyez seulement un tendre fils pour ma vieillesse, supportez les caprices et les bizarreries d’une vieille femme qui aurait pu être plus heureuse ou plus conciliante dans sa jeunesse, et vous aurez plus fait peut-être pour elle, que cette vieille femme ne fit jamais pour vous. »

C’était la première fois que j’entendais ma tante faire allusion à l’histoire de sa jeunesse. Il y avait dans ce retour sur le passé, un calme, une impartialité, une magnanimité qui auraient augmenté mon respect et mon affection, si cela eût été possible.

« — Tout est bien convenu entre nous, tout est bien compris à présent, Trot, » poursuivit ma tante ; « nous n’en parlerons plus, embrassez-moi, et nous nous rendrons demain matin ensemble à la cour ecclésiastique après notre déjeuner. »

Avant de nous coucher, nous causâmes longuement encore. Ma chambre était sur le même palier que la sienne. Dans le cours de la nuit, je fus deux ou trois fois réveillé par quelqu’un