Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/229

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servai à la fenêtre d’un petit traiteur, certaine substance solide et élastique qu’une étiquette proclamait être une gelée de soupe à la tortue. J’entrai et en achetai une quantité qui, j’ai eu depuis quelque motif de le croire, aurait suffi pour quinze personnes. Après quelques difficultés, Mrs  Crupp consentit à liquéfier au feu ce potage de gourmand ; mais, sous sa forme liquide, nous trouvâmes qu’il s’était réduit à une dose bien juste pour quatre.

Je n’oubliai pas d’aller chercher un joli petit dessert au marché de Covent-Garden, et, dans le voisinage de la place, je fis une commande libérale chez un marchand de vin en détail. En rentrant avant mes convives, je vis les bouteilles alignées en bataillon carré sur le parquet de l’office, et, quoiqu’il en manquât deux (ce qui désola beaucoup Mrs  Crupp), je fus vraiment effrayé en pensant que nous pourrions épuiser cet arsenal de munitions liquides.

Un des amis de Steerforth se nommait Grainger et l’autre Markham. C’étaient deux joyeux camarades ; le premier plus âgé et le second plus jeune que mon ami. Ils me complimentèrent sur mon établissement, et Steerforth ayant demandé à Markham s’il était en appétit,