Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/23

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dain accès de tristesse et baissait la tête en silence. Agnès s’en apercevait bientôt et parvenait à le distraire par une question ou une caresse ; alors M. Wickfield avait recours aussi à son verre.

Agnès fit le thé et le servit elle-même. Ainsi se termina la soirée. Quand vint l’heure du coucher pour Agnès et pour moi ; M. Wickfield baisa tendrement sa fille, et après qu’elle se fut retirée, il ordonna qu’on allumât des bougies dans son cabinet.

Pour être exact, je dois dire que je m’étais absenté du salon pendant une heure de la soirée, ayant voulu aller prendre l’air dans la rue et admirer l’antique cathédrale. À mon retour, j’avais trouvé Uriah Heep qui fermait les fenêtres de l’étude. Me sentant bien disposé envers toute la maison, je m’approchai de lui ; nous causâmes un moment, et, en le quittant, je lui tendis la main… ah ! que la sienne était froide ! j’éprouvai à son contact une sensation qui me rappela que je n’avais pu la voir sans la comparer à celle d’un spectre, et plus d’une fois, involontairement, j’eus à lutter contre le frisson de ma répugnance.

Lorsqu’après le thé je montai dans ma chambre et regardai par la fenêtre avant de la