Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/247

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Je devinai qu’elle ne disait pas tout, qu’elle ne savait pas tout, qu’elle ne soupçonnait pas tout ; je craignis moi-même de pousser plus loin mes questions, et ce fut Agnès qui, voyant que je ne parlais plus, poursuivit d’elle-même :

« — Son ascendant sur mon père est très grand ! il fait profession d’humilité et de reconnaissance… peut-être est-il humble et reconnaissant ; mais son influence est réellement considérable, et je crains qu’il n’en use durement. »

Il m’échappa ici une exclamation de mépris contre Uriah, et Agnès, sans s’interrompre, continua :

« — À l’époque dont je parle, il avait prétendu vouloir quitter l’étude, — à son grand regret, — mais parce qu’il avait d’autres projets d’avenir. Mon père laissa percer plus de tristesse, d’inquiétude que jamais ; il ne parut un peu rassuré que par l’expédient d’une association, quoique en même temps il en parût honteux.

» — Et comment reçûtes-vous, Agnès, la communication qu’il vous fit ?

» — Je pense, mon cher Trotwood, que je ne pouvais agir autrement que je n’agis. Avec la certitude que le sacrifice était nécessaire à