Aller au contenu

Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la paix de mon père, je le suppliai de le faire pour diminuer son travail : ce serait pour moi un moyen de lui tenir compagnie plus souvent… Ah ! Trotwood ! » s’écria Agnès en cachant ses yeux pleins de larmes, « je me reproche d’avoir été plutôt l’ennemie de mon père que sa fille tendre. Je sais combien son dévouement de père a altéré son existence ; je sais que, pour concentrer toutes ses affections sur moi, il a rétréci le cercle de ses sympathies et de ses devoirs ; je sais combien la préoccupation de mon sort a assombri son caractère, affaibli son énergie naturelle,… Ah ! si je pouvais réparer le mal dont je suis la cause innocente ! »

J’avais quelquefois vu des larmes dans les yeux d’Agnès, — quand je fus couronné au pensionnat, — quand nous nous étions fait nos adieux, — quand elle m’avait une première fois entretenu de son père ; — mais je ne l’avais jamais vue se livrer à une pareille douleur. Je fus navré de ne pouvoir que lui répondre.

« — Agnès, ne pleurez pas ! ne pleurez pas, ma sœur chérie ! »

Mais Agnès m’était trop supérieure par son caractère et sa résolution, comme je le reconnais bien aujourd’hui, pour avoir long-temps