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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/259

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me prit de saisir le fer à tisonner et d’en traverser le corps d’Uriah. Dans mon délire, l’image d’Agnès ne cessa donc pas de me modérer, en même temps que l’outrage qu’elle recevait de cet animal au poil roux, me mettait hors de moi. Je me rappelai la recommandation qu’elle m’avait faite, et je vis d’ailleurs, dans la physionomie du misérable profanateur, qu’il savait avoir, pour se protéger, un pouvoir que je ne devais pas braver.

« — Avez-vous fait connaître vos sentiments à Agnès ? » lui demandai-je avec plus de sang-froid que je ne croyais pouvoir en montrer dans l’espèce de cauchemar qu’il jetait sur mon esprit.

« — Oh ! non, M. Copperfield ! ô Seigneur ! non, à personne, à vous le premier, à vous seul. Vous voyez que je sors à peine de ma basse situation. J’espère beaucoup, parce qu’elle observe combien je suis utile à son père (car je lui suis, je crois, en effet, très utile, M. Copperfield), combien je facilite son travail et l’empêche de s’égarer. Elle est si attachée à son père (ô quelle aimable qualité dans une fille ! M. Copperfield), que j’ai la confiance qu’avec le temps, et par amour pour lui, elle se montrera bonne pour moi. »