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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/264

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de mûre, perché sur le rebord de l’arrière-siége, seul avec son parapluie, tandis qu’Agnès occupait une place dans l’intérieur. Je fus un peu dédommagé ainsi des efforts qu’il m’en coûta pour lui faire bon visage toutes les fois qu’Agnès nous regardait. Quant à lui, avant de s’installer, il n’avait pas cessé de s’approcher de nous, allongeant son cou de vautour et se repaissant de toutes les paroles que je disais à Agnès ou qu’Agnès me disait.

Pendant la confidence qu’il m’avait imposée au coin de mon feu, je m’étais souvenu, malgré mon trouble, des expressions dont Agnès s’était servie en me parlant de l’acte de société consenti par M. Wickfield : « J’espère avoir fait ce que je devais faire ; certaine que le sacrifice était nécessaire pour la tranquillité de mon père, je l’ai supplié de s’y décider. » Depuis, j’avais été tourmenté par le cruel pressentiment qu’elle céderait au même motif, quelque chose qui serait exigée d’elle. Je savais quel était son amour filial ! Je savais combien elle était naturellement dévouée, et elle m’avait dit elle-même qu’elle se regardait comme la cause innocente des erreurs de celui à qui elle désirait payer la dette de sa reconnaissance. Jamais deux créatures humaines ne se