Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/28

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passer pour un enfant précoce, je me trouvai tout juste au niveau de ceux qui avaient deux ou trois ans de moins que moi. Quelle jeune intelligence ne se serait rouillée au métier qu’on m’avait fait faire ?

Je vis donc arriver avec plaisir l’heure de l’après-midi où, en ma qualité d’externe, il me fallut prendre congé de mes nouveaux condisciples, et, mes livres de classe sous le bras, regagner la vieille maison gothique de M. Wickfield. Telle était l’influence de ce noble et calme édifice, qu’à peine avais-je la main sur le marteau de la porte, je sentis déjà s’évanouir l’inquiétude de mon esprit. L’ombre grave de l’escalier à balustrade tomba sur le passé comme un voile, et une fois dans ma chambre je ne pensai plus qu’à mes leçons jusqu’à l’heure du dîner. À cinq heures je descendis au premier étage et trouvai au salon Agnès, attendant son père qu’un client retenait dans son cabinet. Elle me demanda avec son charmant sourire, si le pensionnat me plaisait :

« — J’espère qu’il me plaira de plus en plus quand j’y serai accoutumé, » lui répondis-je, « et vous, Agnès, avez-vous jamais été dans une école ?