Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/280

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pêche de me mépriser quoique je sois le premier à en rire.

Il n’y avait qu’un moment que je me promenais ainsi, lorsqu’au détour d’un sentier je rencontrai Dora. Je tremble encore des pieds à la tête en écrivant le souvenir de ce moment, et la plume frémit dans mes doigts.

« — Vous… vous êtes… bien matinale, Miss Spenlow, » lui dis-je.

« — Il est si ennuyeux de rester enfermée dans sa chambre, » répondit-elle, « et Miss Murdstone est si absurde avec ses idées sur l’air du matin, que j’ai prévenu papa que je voulais me promener. N’est-ce pas l’heure la plus brillante du jour ? »

Je hasardai une belle phrase et lui dis, non sans balbutier : « — La plus brillante, en effet, pour moi, Miss Spenlow, quoiqu’elle fût bien triste il n’y a qu’une minute.

» — Est-ce un compliment ? » dit Dora, « ou voulez-vous dire que le ciel est réellement changé ? »

Je balbutiai plus encore en répliquant :

« — Je ne fais pas un compliment, je dis la vérité la plus simple : le ciel n’a pas changé, que je sache ; mais c’est l’état de mon cœur. »

Je n’ai jamais vu de semblables boucles de