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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/283

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mais elle ne l’est pas assurément !… L’est-elle Jip ? Ni Jip, ni moi, nous ne sommes pas tentés de faire nos confidences à ces figures si revêches. Nous ferons nos confidences à qui il nous plaira de les faire, et nous choisirons nous-mêmes nos amis, au lieu de les laisser choisir pour nous, n’est-ce pas, Jip ? »

Jip, pour toute réponse, fit entendre un petit ronflement assez semblable à celui d’une bouilloire quand l’eau est en ébullition. Chaque mot qui sortait de ces lèvres adorées rivait ma chaîne.

« — Il est fort dur, parce que nous avons le malheur d’être privés d’une tendre mère, d’être condamnés à être continuellement suivis par une vieille fille grognon comme Miss Murdstone… n’est-ce pas, Jip ? Mais n’importe, Jip, nous ne lui ferons pas des confidences, et nous nous rendrons aussi heureux que possible en dépit d’elle ; nous la taquinerons, nous la ferons enrager, n’est-ce pas, Jip ? »

Si ce délicieux caquetage avait duré plus long-temps, je crois que je serais tombé à genoux sur le sable d’une allée du jardin, au risque de me faire chasser de cette villa, comme Adam du paradis terrestre ; mais, par bonheur, la serre n’était pas loin, et nous y entrâmes.