Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/306

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» — Êtes-vous resté long-temps à Yarmouth, après nous ?

» — Non, pas précisément.

» — Vous avez vu le bateau remis à neuf ?

» — Oui, Monsieur, j’étais resté exprès pour cela. Je vous souhaite bien le bonjour, Monsieur. »

Il comprit tous mes convives avec moi dans son humble salut et sortit. Je ne fus pas le seul à respirer plus librement quand il eut disparu ; mais c’était moi surtout qui avais subi la sensation singulière de sa présence ; car, outre ma contrainte habituelle, ma conscience me disait tout bas que j’avais, depuis quelque temps, entretenu quelques soupçons contre son maître et je ne pouvais réprimer la peur vague d’être sondé et deviné par son impassible coup d’œil.

Si cette apparition me préoccupa un peu, la gaieté générale reprit bientôt son cours. Mrs Micawber elle-même nous tint tête pour le punch et la conversation, discutant librement toutes les chances de fortune qui souriaient encore à son mari si, abandonnant l’ingrate profession de commissionnaire en céréales, il parvenait à exercer ses rares talents à faire la banque et l’escompte. Malheu-