Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/309

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haiter le bonsoir à Traddles, en prévoyant que le brave garçon serait bientôt dans l’embarras.

Je venais de m’asseoir auprès de mon feu, ne sachant trop jusqu’à quel point il fallait rire d’un caractère tel que celui de M. Micawber : un bruit de pas dans l’escalier me fit penser que c’était Traddles qui remontait pour chercher quelque article de toilette de son hôtesse ; mais, à mesure que ce pas se rapprocha, je le reconnus mieux, je sentis battre mon cœur et le sang me monter au visage : c’était le pas de Steerforth.

Je ne perdais jamais de vue l’image d’Agnès ; elle ne cessait d’occuper le sanctuaire de mon cœur, si je puis ainsi parler ; mais, lorsque Steerforth entra et me tendit la main, le nuage qui, depuis quelque temps, s’épaississait sur lui, se changea en auréole de lumière, et je fus honteux d’avoir douté d’un ami que j’aimais si tendrement. Je n’en aimai pas moins Agnès ; je pensai toujours à elle comme à l’ange bienfaisant de ma vie : ce ne fut pas à elle que je reprochai l’outrage fait à Steerforth, mais à moi, et je lui en eusse volontiers demandé pardon.

« Eh bien ? Pâquerette chérie, » me dit-il en riant, « j’ai donc failli vous surprendre